Le boom des indépendants à titre complémentaire : comment les (grandes) entreprises les approchent pour renforcer leurs équipes
En 2022, la Belgique comptait plus de 320 000 indépendants en activité complémentaire, à savoir des personnes qui exercent aussi à titre principal une autre activité professionnelle. Et leur proportion augmente sensiblement d’année en année. Quelles en sont les implications pour les organisations ? Et dans quels cas peut-on être indépendant à titre complémentaire ?
Être indépendant à titre complémentaire – une tendance qui ne se limite pas à la Belgique
Les experts du marché du travail du monde entier observent le même phénomène : la pandémie a conduit de nombreuses personnes à reconsidérer la place du travail dans leur vie. La raison ? Toutes générations confondues, les personnes poursuivent aujourd’hui un but plus noble et désirent renforcer leurs compétences. Au travail, mais aussi hors du travail. Elles font des petits boulots, suivent des cours ou créent leur propre entreprise à titre d’activité complémentaire. Bien sûr, pour certains, des raisons économiques, notamment, entrent en ligne de compte ; la vie est en effet devenue beaucoup plus chère en raison de l’inflation. Mais à l’instar de la Belgique, dans d’autres pays, ce sont surtout les personnes hautement qualifiées qui constituent la majeure partie des travailleurs exerçant un deuxième emploi.
Aux États-Unis, par exemple, l’expert Jon Younger parle de “freelancer lite workers“: 40 % de la main-d’œuvre américaine a un emploi complémentaire. Ces experts peuvent ainsi gagner en compétence, en confiance en soi et en ambition, selon M. Younger.
Aux Pays-Bas, selon ZiPconomynl, en 2021, il y avait 496 000 freelances (zzp) pour qui l’entrepreneuriat est un « job d’appoint » (il ne s’agit donc pas, ici, d’une source principale de revenus), sur un total de 1 078 000 personnes pour qui il s’agit d’une source principale de revenus. Près de la moitié des indépendants !
Selon les chiffres de l’INASTI (2022), le nombre d’indépendants à titre complémentaire est également en forte augmentation dans notre pays : 323 494 contre 313 530 en 2021, soit une augmentation de 10 000 personnes. Le nombre de ces indépendants a augmenté de 2,26 % (de 178 398 à 182 433), tandis que celui des indépendantes a connu une progression légèrement plus forte, de 4,39 % (de 135 132 à 141 061).
Pour être complet, l’année 2022 se caractérise également par une augmentation de 6,5 % du nombre de travailleurs indépendants qui continuent à travailler au-delà de l’âge de la retraite (de 130 117 à 138 580). En revanche, le nombre d’étudiants indépendants a diminué de 4,65 % l’année dernière, pour atteindre 8 690.
Au cours des trois premiers mois de 2023, un nombre record de 177 000 Flamands ont exercé une seconde activité professionnelle, soit une augmentation de 7 000 personnes par rapport à l’année dernière et de 25 % par rapport à 2021. Sur l’ensemble de la population active en Flandre, 7,1 % des personnes exercent un travail complémentaire, dont 63 % sont des indépendants à titre complémentaire. C’est ce que révèlent les chiffres du cabinet du ministre Jo Brouns.
Chefs d’entreprise et directeurs RH, restez à l’écoute !
De plus en plus de personnes se lancent donc comme indépendants à titre complémentaire. Votre organisation doit tout d’abord comprendre ce phénomène et y répondre afin que ces collaborateurs restent attachés à votre entreprise et participent durablement à votre réussite. Le leadership ? D’accord, mais pas en se mettant dans une situation du tac au tac. En envisageant la question sous l’angle des compétences, vous créez toute une palette de solutions pour préserver la motivation des travailleurs et les fidéliser. Certaines organisations vont plus loin et encouragent même leurs collaborateurs à se jeter à l’eau. Cet article de Bloomberg décrit comment Mitsui, au Japon, permet et encourage apparemment ses professionnels à devenir indépendant à titre complémentaire.
En voici un extrait :
« Après avoir mis en place des politiques de télétravail et d’horaires flexibles, nous avons pensé que le moment était venu d’en faire encore plus afin de donner aux collaborateurs la liberté d’évoluer dans leur carrière et d’adopter de nouveaux styles de travail », a déclaré l’entreprise dans un communiqué.
« Le travail indépendant à titre complémenaire peut consister à faire du coaching, à participer à une startup technologique, à devenir YouTubeur ou artiste, a expliqué M. Mitsui. Ce type d’activité, à faire approuver par la direction, doit enrichir les compétences et l’expérience du collaborateur et ne pas se limiter à un simple complément de revenu. »
Toutes les personnes qui se lancent dans une activité complémentaire disposent naturellement de clients. Le soutien des grandes entreprises à l’égard des activités à titre complémentaire s’accroît donc lui aussi. Elles découvrent les avantages de ce phénomène : des experts hautement qualifiés, engagés avec rapidité et flexibilité, à des conditions intéressantes. Pour réussir, votre organisation doit mettre en place une stratégie RH efficace afin d’intégrer et d’accompagner au mieux ces collaborateurs flexibles tout au long de leurs activités auprès de votre organisation. Soit dit en passant, travailler avec des freelances à titre complémentaire relève des mêmes dispositions légales que travailler avec des freelances à titre principal. Le mieux est donc, pour vous, de conclure d’abord un accord explicite avec le freelance. Informez ensuite les dirigeants des spécificités et des principes du travail avec des freelances (et d’autres prestataires de services externes) afin de prévenir tout risque, comme le faux travail indépendant, mais aussi les violations des réglementations RGPD, la protection des droits de propriété intellectuelle… Vous êtes légalement responsable des questions de santé et de sécurité, y compris pour les personnes qui ne font pas partie de votre personnel.
Quelques conseils sur la collaboration avec les indépendants-freelances ?
Guidelines pour les freelances et les clients – 1
Guidelines pour les freelances et les clients – 2
Guidelines pour les freelances et les clients – 3
Travailler avec des freelances à titre complémentaire relève des mêmes dispositions légales que travailler avec des freelances à titre principal.
Êtes-vous en droit de vous lancer en tant qu’indépendant à titre complémentaire ?
Contrairement à un indépendant à titre principal, un indépendant à titre complémentaire exerce simultanément et principalement une autre activité professionnelle :
- comme salarié ;
- dans l’enseignement ;
- comme fonctionnaire ;
- ou comme demandeur d’emploi ou pensionné.
Vous pouvez vous installer en tant que travailleur indépendant à titre complémentaire si vous remplissez l’une des conditions suivantes. Dans le cas contraire, vous devrez vous établir en tant que travailleur indépendant à titre principal. Vous êtes déjà salarié à titre principal ?
- Vous êtes salarié à 50 % minimum (par exemple, un salarié qui exerce une activité complémentaire comme coiffeur).
- Si vous êtes fonctionnaire, vous devez être employé à 50 % minimum et votre activité doit se dérouler pendant au moins 8 mois ou 200 jours. Veuillez noter que les fonctionnaires peuvent être tenus de déclarer leur activité complémentaire à leur employeur. Pour les fonctionnaires flamands, vous trouverez plus d’informations à ce sujet dans le code de déontologie du fonctionnaire flamand (lien externe).
- Vous êtes dans l’enseignement et vous occupez, en tant que membre du personnel statutaire, au moins 60 % d’un poste à temps plein. Si vous n’êtes pas nommé à titre définitif, 50 % suffisent.
- Vous êtes intérimaire et vous travaillez au moins 235 heures par trimestre.
Plus d’infos pour vous lancer en tant qu’indépendant à titre complémentaire ?
Vos droits et obligations en tant que travailleur indépendant à titre complémentaire
- Droits et cotisations de sécurité sociale
Le statut social de travailleur indépendant ne vous permet pas d’acquérir des droits supplémentaires en matière de sécurité sociale. Vous conservez les droits sociaux dont vous bénéficiez dans le cadre de votre activité principale (en tant que salarié ou fonctionnaire). Vous payez les cotisations d’une activité principale ? Dans ce cas, vous pouvez aussi bénéficier des mêmes droits sociaux qu’un travailleur indépendant à titre principal.
- TVA
Si vous êtes soumis au régime de la TVA, vous devez déposer des déclarations de TVA régulières et payer la TVA exigible. Vous pouvez néanmoins demander une exonération.
- Impôts
Les revenus de vos deux activités seront cumulés. Ce cumul peut entraîner des taux d’imposition plus élevés si vous dépassez certains plafonds de revenus.