SLUIT MENU

Pourquoi (certaines) entreprises de Staffing sont en perte de vitesse

Le directeur commercial d’une société de recrutement soupire : « Nous avons désespérément besoin de missions supplémentaires ». Et il n’est pas le seul. Dans le monde entier, les intermédiaires de consultants et freelances constatent une demande qui s’éffondre. Que se passe-t-il ?

Petit retour en arrière

Le travail temporaire est parfois considéré comme un indicateur de la croissance (ou pas)de l’économie. Mais aujourd’hui, le tableau est faussé.

Le SIA, expert en la matière, indique qu’en 2023, le chiffre d’affaires mondial de l’industrie a chuté de 14 % et s’attend à ce qu’il rechute à 10 % en 2024. La baisse est si importante que le nombre de travailleurs dans le monde se situe à nouveau à 2,7 millions. Soit le niveau de 2014.

Ce n’est pas ce à quoi on s’attendait en juillet après les prédictions du FMI d’une augmentation de 3,3 % in 2023 pour ensuite parler d’une augmentation de 3,2% de l’économie mondiale en 2024 et de 3,3% en 2025.

Phénomène identique dans notre pays. L’économie belge ne se porte pas très bien et pourtant, le Bureau fédéral du Plan indique dans sa publication de juin 2024 que la croissance économique belge se stabiliserait au même niveau qu’en 2023, soit 1,4 % pour 2024 et 2025. On serait donc dans le vert. Néanmoins, l’index Federgon– démontre que le travail intérimaire est en déclin systématique depuis 2022.

Comment se fait-il que le lien « croissance de l’économie vs croissance de recrutement de travailleurs temporaires » soit rompu ?

En fait, notre marché du travail est en train de vivre la tempête parfaite. Listons quelques exemples.

Dans le monde post-covid, les organisations ont été brutalement confrontées à un marché du travail de plus en plus creux. La fin de la pandémie a coïncidé avec le début de l’exode massif des baby-boomers et une augmentation de la demande de profils plus qualifiés, notamment pour les projets liés au numérique. Une offre de talents en baisse combinée à une demande de talents en hausse.

Ce qui nous amène à ce que Wim Davidse, notre collègue de FlexNieuws, décrit comme la « révolution des travailleurs » : les candidats ont l’embarras du choix. Dès qu’il y a une belle opportunité, ils sautent sur l’occasion. La forme du contrat n’est pas déterminante. Ils se mettent à leur compte (ndlr: freelance), se font détacher (ndlr: project sourcing) ou travaillent sous un contrat à durée indéterminée. Remarque : l’intérim ne figure pas dans cette liste. J’entends par là : l’intérim pur, sans aucune obligation pour l’agence ou les clients, et tous les risques pour le travailleur intérimaire. Bien sûr, il y a encore beaucoup de gens qui ne veulent rien d’autre que de l’intérim – sans engagement – mais ils sont plus nombreux à préférer les autres formes. »

SIA wijst er ook op dat veel organisaties aan het begin van de pandemie in paniek contracten hebben stopgezet om daarna op grote schaal opnieuw in te huren op grote schaal. Logistieke spelers en sommige productiebedrijven kenden net door de pandemie een piek en huurden in die periode meer dan gebruikelijke aantallen tijdelijken in. Die effecten zijn nu afgevlakt.

Les études du SERV et le Freelancer Focus rapport d‘Unizo dévoilent un autre phénomène : ces dernières années, le nombre de freelances dans notre pays a déjà fortement augmenté de +73% dans la période 2015-2021. Au cours de la période covid 2021 – 2022, il a même augmenté de +30 000. Plus le nombre de freelances augmente, plus le nombre de missions augmente. Le freelancing n’est pas nouveau, mais il semble avoir fait une percée. Ce qui confirme les propos de Wim Davidse. Il n’existe malheureusement pas de chiffres actualisés sur le nombre de freelances dans notre pays. Il faudra donc attendre le nouveau rapport d’Unizo et UCM pour avoir une idée de l’évolution la plus récente. Une nouvelle forte croissance ou un plafonnement ?

Et ce n’est pas tout. Une grande partie des activités répétitives ou dangereuses sont de plus en plus automatisées et en voie de disparition. Jusqu’il y a peu, il s’agissait là d’emplois typiques pour les travailleurs temporaires. Enfin, les agences intermédiaires elles-mêmes souffrent de la pénurie, ce qui les empêche de pourvoir les postes vacants.

Ne pas tout mettre dans le même sac

Toutes les entreprises de Staffing sont-elles dans le marasme ? À en juger par ce qui se passe aux Pays-Bas, on peut affirmer que ce n’est pas le cas. Nos collègues de FlexNieuws ont mené une enquête auprès de 100 acteurs de recrutement aux Pays-Bas. Résultats ? Les grandes agences génériques cèdent chaque année une part du marché. » Dans un marché du travail serré, il devient de plus en plus difficile de convertir un grand nombre de personnes à faible marge. Elles sont en concurrence non seulement entre elles, mais aussi avec leurs clients », souligne Wim Davidse. “Que nous apprend le FlexNieuws Top 100: si vous ne vous spécialisez pas, vous serez dépassés. Opérez donc des choix stratégiques. Il peut s’agir d’un groupe cible de clients ou d’un groupe cible de candidats. Mais vous devez choisir ».

On se demande si la baisse va se poursuivre ou si le retournement de situation est imminent ! Pour SIA, le ton est optimiste.: “It’s not surprising that we are still seeing shocks and ripples through the labor market just a few years after the pandemic. But we are already seeing signs of stabilization and even improvement in some of our indicators.”

Lisez également:

Marleen Deleu
Marleen Deleu - Director Trends & Insights NextConomy - on a mission to bring insights and expertise to the freelance workforce and users of contingent labor in Belgium Voir tous les articles de #Marleen Deleu