"Exploring the future of work & the freelance economy"
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19 millions de freelances dans le monde entier travaillent sur des plateformes numériques (cf. the iLabour Project)

Voici la troisième partie de notre cycle de publications sur des études récentes concernant l’ampleur et les évolutions de l’économie de la connaissance du monde freelance.

Quelle est la part de la population active travaillant en ligne ? Combien de personnes dans le monde gagnent-elles un revenu via des plateformes de travail numériques internationales comme le site américain Upwork, le site israélien (!) Fiverr, le britannique Peopleperhour ou l’australien Freelancer ? Voici une question de recherche ambitieuse. Car autant chercher une aiguille dans une botte de foin… C’est pourtant précisément ce qu’ont voulu faire Otto Kässi, Vili Lehdonvirta et Fabian Stephany du The iLabour Project de l’Université d’Oxford.

Index

Indicateur économique, l’Online Labour Index (OLI) utilisé pour le « marché des freelances travaillant en ligne (ou à distance) » permet d’apporter un éclairage analogue à celui des statistiques habituelles concernant le marché du travail. Cet indice mesure l’offre et la demande de personnel actif freelance sur Internet dans différents pays, en suivant en temps réel le nombre de projets et de tâches disponibles sur différentes plateformes. La phrase emblématique mise en exergue de cette étude est “Investigating the Construction of Labour Markets, Institutions and Movements on the Internet”. (qui enquête sur la construction des marchés, institutions et mouvements du travail sur Internet).

Méthode

Calculer le nombre de cybertravailleurs reste une opération délicate. Si quantifier le nombre d’emplois freelance sur Internet relève déjà du défi, calculer la quantité de freelances actifs représente une gageure. Les études statistiques économiques actuelles ne sont pas prévues pour mesurer l’ensemble de la population des freelances travaillant sur Internet ni pour établir un lien entre son impact et celui d’autres activités.

Cette étude constitue, néanmoins, une première par son approche entièrement quantitative et en toute transparence pour estimer le nombre total de cybertravailleurs dans le monde. Elle a extrapolé des données provenant de 162 des 351 plateformes de freelances numériques actives au niveau mondial. Des données publiques ont également été utilisées : une combinaison entre mentions dans les médias, étude bibliographique et fonctions de recherche des plateformes. Trois tendances chiffrées ont pu ainsi être dégagées sur chaque plateforme : le nombre de profils de freelances enregistrés, le nombre de travailleurs actifs (cybertravailleurs) et le nombre de cybertravailleurs à temps plein (les personnes ayant réalisé au moins 10 projets ou gagné au moins 1 000 $).

Précautions d’usage

Comme tout chercheur qui se respecte, rien de mieux dans cette étude que de fournir de longues explications sur les marges d’erreur trop importantes, mais pour simplifier la lecture, nous avons décidé de les mettre au placard. D’autres raisons nous incitent à une interprétation plus circonspecte : 1) le travail sur plateforme numérique étant souvent une source de revenus complémentaire, il ne figure pas automatiquement dans les études sur la population active ; 2) de nombreux cybertravailleurs négligent de remplir une déclaration d’impôt pour des revenus aussi faibles ; 3) les plateformes elles-mêmes ne sont pas considérées comme des employeurs en tant que tels et ne doivent donc pas déclarer les revenus perçus par les freelances.

Résultats

Selon une estimation globale établie par l’étude, 163 millions de profils de freelances sont enregistrés sur les plateformes d’emploi numériques. Environ 19 millions d’entre eux ont obtenu, au moins une fois, du travail sur ce type de plateforme et 5 millions accompli au moins 10 projets ou gagné un minimum de 1 000 $. Ces chiffres indiquent une croissance significative du nombre de comptes de freelance enregistrés par rapport à 2015, mais elle correspond, par ailleurs, à une hausse beaucoup plus faible du volume de travail effectif lui-même.

Conclusions

Les chercheurs en concluent que le freelancing numérique représente une part désormais non négligeable du marché du travail aujourd’hui, qu’il se retrouve dans de nombreux pays et secteurs et passe plus inaperçu.

Les technologies de communication numérique permettent de travailler plus facilement et à moindre coût, sans contrainte de temps ni de lieu. Les télétravailleurs, au lieu de travailler à temps plein pour un seul employeur, sont en mesure de répondre aux besoins de plusieurs clients à des moments différents, tout en étant très éloignés les uns des autres.

Ce nouveau mode de travail rencontre un succès grandissant : la demande mondiale de freelancing numérique a augmenté de 11 % par an au cours des cinq dernières années. Les plateformes d’emploi numériques, qui permettent d’externaliser le “crowdwork” et d’autres missions, restent des pionnières cette évolution.

Le freelancing en ligne, quant à lui, joue également un rôle important dans le développement économique des zones rurales. En ces temps de pandémie de Covid-19, ce mode de travail a pris un essor tout naturel.

La nouvelle vient de tomber !

Le projet iLabour a lancé récemment, en collaboration avec l’IAO, un nouveau site web public contenant des informations statistiques sur le freelancing, non seulement dans le monde, mais aussi en Belgique : voir www.onlinelabourobservatory.org

Cet Online Labour Index 2020 (OLI 2020) est une base de données ouverte qui offre un équivalent des statistiques habituelles du marché du travail, pour l’économie freelance numérique, en particulier. Cet indice mesure en temps réel l’offre et la demande du marché du travail freelance numérique pour différents pays et professions.

Philip Verhaeghe
Philip Verhaeghe is een onafhankelijk governance adviseur en een freelance redacteur over ondernemerschap en bestuur voor vakbladen, bedrijven en organisaties. Onderzoekt zowel de nieuwste trends als de klassieke uitdagingen die het verschil kunnen maken in de bestuurskamer of het directiecomité. Is als freelance redacteur ook actief voor onder meer Bestuurder”, “Guberna” en “Etion”. Werkte als algemeen secretaris voor VKW, het Instituut voor Bestuurders, Corgo en RNCI. Voir tous les articles de #Philip Verhaeghe