« Les freelances sont une excellente source de talents flexibles, dans laquelle les RH et Achat savent puiser »
Recruter des salariés et des travailleurs intérimaires ? Cela ne pose aucun problème pour les entreprises belges. Mais qu’en est-il des freelances ? C’est nettement plus compliqué. La Belgique est encore à la traîne en matière de stratégie de gestion des talents et de total talent management. Mais nous sommes en train de remonter le courant, explique Michael Smith, managing director de Randstad Sourceright, spécialisée en ressources humaines.
Les domaines de la technologie, un groupe de freelances en pleine croissance et une pénurie de talents. Divers facteurs influent sur la vie professionnelle. Quelle vision doivent avoir les chefs d’entreprise, les RH et l’Achat pour assurer la compétitivité de leurs organisations ?
Le prestataire de services RH Randstad Sourceright a questionné 800 CEO, acheteurs et HR-managers de 17 pays sur les tendances observées. Michael Smith, son managing director, s’est lui intéressé à notre pays.
Alors que certains CEO craignent encore de devenir dépendants de la technologie de recrutement de talents, 87% des dirigeants d’entreprise pensent justement que cette technologie va les aider à attirer et à conserver les meilleurs talents.
Quelles sont les tendances qui ressortent en Belgique ?
Michael Smith : « L’automatisation, le machine learning et la robotisation du processus de production s’immiscent de plus en plus dans la vie professionnelle. De cela, trois chefs d’entreprise sur quatre en sont bien conscients. Ce qui signifie que les entreprises investissent dans des outils avancés en prévision de l’avenir, avec lesquels elles pourront déployer leur personnel plus efficacement. Vous vous demandez peut-être si les robots vont faire notre travail ? Pas tout à fait, mais de leur côté, les talents pourront se consacrer à des fonctions d’autant plus valorisantes. Prenez par exemple un profil ‘Sales’ qui avec les nouvelles technologies disposera de plus de temps pour ses contacts, et pourra élaborer des concepts créatifs et des workflows innovants. »
« Alors que certains CEO craignent encore de devenir dépendants de la technologie de recrutement de talents, 87% des dirigeants d’entreprise pensent justement que cette technologie va les aider à attirer et à conserver les meilleurs talents. »
« Les recruteurs voient également venir le changement, qui les fait passer de simple embaucheur à conseiller en talents. Une fonction qui va aider leurs clients et les candidats à prendre de bons accords. De nos jours, on constate que les RH adaptent ‘manuellement’ le profil des candidats à leurs projets. Quand la technologie s’en charge, elle va se baser sur des données actualisées et obtenir des résultats fiables. »
Et quel est le message que je peux adresser aux entreprises ? Faites appel à des formes de travail alternatives.
Quel est votre conseil envers les RH de notre pays ? Quels sont les aspects à ne pas négliger ?
« En Belgique, le taux de chômage avoisine les 7%, ce qui est comparable avec celui des pays voisins. Et ce alors qu’une pénurie de talents s’annonce déjà dans certains secteurs pour les années à venir. Une tendance qui va obliger les entreprises à observer autrement le marché du travail. Et quel est le message que je peux adresser aux entreprises ? Faites appel à des formes de travail alternatives. Recourez à des freelances, des travailleurs intérimaires et engagez des collaborateurs à temps partiel. Repérez également vos talents internes. Regardez au-delà de nos frontières. Faites jouer la collaboration entre RH, acheteurs et agences externes, pour pouvoir disposer du bon talent au bon moment. »
« Voilà un rôle parfait pour les RH. À la table de la direction, ils doivent convaincre leur audience de la nécessité d’avoir une vraie stratégie de gestion des talents. Chiffres en main, ils doivent savoir prouver que l’entreprise peut faire face à la pénurie structurelle de talents, comment leur implication va augmenter la productivité, et quelles seront les conséquences au cas où la direction ne comprendrait pas l’évolution du marché du travail. »
Apprendre tout au long de sa vie est du domaine de la responsabilité partagée.
Notre taux de chômage en ce qui concerne les plus de 45 ans est le plus élevé d’Europe. Quelle est la responsabilité des RH dans cette situation ?
« La reconversion et la requalification sont des éléments essentiels pour garantir une continuité de carrière aux travailleurs d’âge mûr. La numérisation est l’une des principales causes du taux de chômage élevé chez les plus de 45 ans. Les Millenials sont nés avec une tablette et un smartphone entre les mains, et les plus de 45 ans ont là un certain retard à rattraper. Les entreprises, les autorités et bien sûr les talents doivent regarder les choses en face. Les plus de 45 ans doivent passer d’un workflow analogique à un workflow numérique, automatisé. »
« Apprendre tout au long de sa vie est du domaine de la responsabilité partagée. Via des formations, des programmes avec mentors et des ateliers, un CEO doit donner à chacun de ses collaborateurs la possibilité d’évoluer. Et aux talents de ne rater aucune occasion pour se perfectionner. Cela ne suppose pas implicitement que les travailleurs d’âge mûr doivent pratiquer chaque technologie issue du monde des Millenials, mais qu’ils doivent définir et analyser leurs compétences exactes afin de toujours mieux intégrer leurs fonctions.
La Belgique compte actuellement plus de 220.000 freelances, et ce groupe ne cesse de grandir. Quelle conclusion doivent en tirer les RH ?
« Les freelances sont une excellente source de talents flexibles dans laquelle les RH et Achat savent puiser. Mais ils ne savent pas toujours comment rencontrer ce groupe. Il leur manque les relations et les outils adéquats. »
“Chez Randstad Sourceright, nous savons que les Millenials sont plutôt attirés par une vie de freelance. Pareil aux freelances, ils veulent s’investir dans des projets captivants, obtenir des résultats probants et décider eux-mêmes de l’endroit et du moment où ils vont travailler. C’est une tendance irréfutable. »
Quelles sont les questions les plus fréquemment posées par vos clients ?
« Elles concernent surtout la stratégie de gestion des talents. Comment faire face à la pénurie des talents ? Comment combler les lacunes en matière de compétence ? Comment la technologie va-t-elle venir renforcer les effectifs ? Et comment remonter le courant pour rester compétitif ? »
” À quoi vont correspondre les ressources professionnelles dans les années à venir ? C’est une des questions existentielles que se posent aujourd’hui les CEO. Ils savent qu’il est nécessaire de mettre en place un pool de talents pour pouvoir y faire appel le moment venu. Mais, comment avoir la certitude que ce pool de talents subsiste et sera prêt à s’engager ? »
Selon vous, en Belgique, vers quoi se dirigent les RH dans les trois prochaines années ?
« Les entreprises belges reconnaissent le potentiel des technologies. Elles constatent qu’elles mènent à la flexibilité des ressources professionnelles et qu’elles resserrent les liens avec leur capital humain. Avec pour résultat une organisation agile. Nous attendons donc de la Belgique qu’elle rétablisse l’équilibre dans les trois prochaines années pour mener une stratégie de gestion des talents comparable à celle pratiquée dans les pays limitrophes. »
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