"Exploring the future of work & the freelance economy"
SLUIT MENU

“En pleine pénurie de talents, il vaut mieux réinventer les gens dans l’entreprise”

Aujourd’hui, il est de bon ton de parler d’inclusion et de diversité dans l’entreprise. Encore faut-il intégrer ces principes dans ce qu’ils ont d’essentiel. Pas uniquement pour coller à la tendance et remanier des discours LGBT ou féministes fanés. Aller en profondeur, c’est ce que souhaite Stéphanie Reniers quand elle parle de recrutement. Co-fondatrice et CEO de Gentis, l’un des principaux leaders dans le secteur, elle soulève des questions inattendues…

Depuis les années 2000 et l’avènement d’Internet, le recrutement s’est fortement professionnalisé, ses outils de gestion se sont informatisés et n’ont jamais cessé de se développer dans les grandes entreprises. Permettant ainsi de driver le processus de recrutement et de l’optimiser, de répondre aux questions relatives à la diversité et aux discriminations.

C’est dans ce contexte, presque aux frémissements de la professionnalisation, que Gentis a vu le jour il y a plus de 11 ans. “On voulait créer une entreprise de recrutement à l’image de nos valeurs, de ce que l’on imaginait dans le recrutement. À l’époque, les entreprises n’étaient pas encore axées sur le bien-être, sur la diversité, sur tout ce qui parait tellement essentiel aujourd’hui. Mettre l’Humain au cœur des discussions. D’ailleurs ‘gentis’ en latin signifie ‘humain’. Pour le dire autrement, on ne voulait pas juste être une machine à fric !” raconte Stéphanie Reniers. 

La première chose à faire : augmenter les synergies entre les départements.

De plus en plus d’entreprises professionnalisent le recrutement de leurs talents externes. NextConomy tient à présenter une série d’interviews avec pour thème central : ‘Women in Contingent Workforce Management’. Nous espérons inspirer et partager des idées avec celles (et ceux) qui sont impliqués de près ou de loin dans le recrutement d’externes. Nous voulons plus particulièrement démontrer aux femmes qu’il existe de passionnantes opportunités de carrière dans un domaine encore relativement neuf (et peu connu), mais résolument porteur d’avenir. Une dynamique dont l’importance stratégique pour les organisations est croissante.

Créer la synergie

Gentis jette donc des ponts entre les talents en quête de travail et les entreprises en demande de ressources. Pour dépoussiérer les RH traditionnelles, les aider à prendre la vague et surtout, à se reconnecter au réel, ce géant du recrutement propose un programme d’employer branding sur mesure. “On propose un accompagnement aux entreprises, en créant un fil rouge entre tous les départements, y compris celui des ressources humaines, avec un audit à la clé. On aide à réduire ce décalage parfois flagrant entre ce que les RH veulent implémenter et la réalité du terrain.”

Et dans cette vague moderne, on voit éclore un florilège de nouveaux profils et de candidats “externes”, des ressources encore trop peu ou mal connues des responsables RH. “Les départements des ressources humaines sont très déconnectés des autres départements et vice-versa. Il y a, en interne, un manque de communication ahurissant. Tout le monde voudrait accueillir ces nouveaux profils, mais personne n’y est vraiment préparé. La première chose à faire serait d’augmenter les synergies entre les départements, de se mettre autour de la table, de parler, de mieux se former, et de dépasser la seule notion d’employer branding.”

Gen Y et Z en quête de sens

Depuis 2011, Gentis a établi le contact avec plus de 200 000 candidats et en a placé environ 6000. Parmi ces placements, la moitié (ou presque) a été réalisée pour des missions freelances. Une donnée miroir puisqu’elle traduit parfaitement la réalité du terrain et l’explosion récente du travail indépendant. Mais au fond, qu’est-ce qui a changé ? Pourquoi ce besoin vivace de liberté ?

“Le changement provient des nouvelles générations qui sont arrivées sur le marché du travail avec des revendications à la fois différentes et sensiblement proches de celles défendues par leurs aînés. Parce qu’on parle beaucoup plus de bien-être, de télétravail, de nouvelles méthodologies de travail, de Future of Work, et qu’en même temps, on remarque que l’argent reste un moteur très sensible. S’il gagne moins en terme salarial, un candidat ne quittera pas une entreprise pour une autre qui a plus d’impact. C’est très rare. Par contre, ce qui est important aujourd’hui c’est le sens. On sort de cette vision fordienne où le travail s’exécutait sans réfléchir. Il y a une réelle remise en question du sens et de la manière dont on investit un job.”

Aujourd’hui, la plus grande discrimination c’est l’âge.

Les seniors sur la touche

Et même si l’inclusion est omniprésente dans les débats, Stéphanie Reniers le constate avec amertume : la discrimination n’a pas encore fini de creuser ses racines. “On ne va pas se mentir, c’est un sujet qui reste encore très tabou. Aujourd’hui, la plus grande discrimination que l’on observe c’est l’âge. On est toujours interpellé par ce double discours de la part de certaines entreprises qui veulent d’un côté mettre en place – et le revendiquer – un programme LGBT, ce qui est génial, mais qui de l’autre, n’est pas prête à intégrer les travailleurs seniors, externes ou non. Et ça, ça paraît acceptable.”

Au-delà des combats actuels, parfois teintés de glamour et très en vogue, avec l’égalité des sexes et l’intégration des genres en étendard, Gentis souhaite mettre en lumière tous les biais inconscients sur lesquels il est aussi nécessaire de travailler. L’inclusion, son grand cheval de bataille donc. “On pense aussi qu’il ne faut pas s’arrêter aux titres de fonction et qu’il est important de remettre l’expérience en place. Ce n’est pas parce qu’un candidat a eu l’habitude de gérer de grosses équipes qu’il aura envie de le faire par la suite. Et si on posait la question au candidat lui-même, si on lui demandait de réfléchir à ce qu’il veut vraiment. Qu’il puisse décider de son destin.”

Il faut s’accrocher et faire preuve de patience. Parce que les souhaits d’aujourd’hui ne seront peut-être et sans doute pas ceux de demain.

Observations humaines

Il n’y a pas à dire, en matière de gestion des talents, Stéphanie Reniers en connaît un beau rayon ! Ces années à faire le trait d’union ont pu aiguiser ses compétences autant qu’elles l’ont poussée à se réinventer. Elle n’a d’ailleurs pas de mal à citer ceux et celles qui lui soufflent l’inspiration. Du côté de chez nous, il y a Engie pour sa politique de rétention du personnel. “Dans une pénurie de talents telle que nous la connaissons aujourd’hui, il vaut mieux garder les gens et essayer de les former, de les réinventer dans l’entreprise plutôt que de les perdre.”

Un peu plus loin, à l’autre bout de l’Atlantique, il y a General Electric et sa façon de “présenter ses départements, son personnel, de toujours les mettre en avant, d’aller montrer clairement toutes les fonctions qui existent, quelle qu’elles soient, du junior au plus senior. L’entreprise redore le blason de ces métiers techniques qui n’inspirent plus beaucoup de monde et qui prennent un peu la poussière. Chez General Electric, ils amènent vraiment ce que j’appelle ‘un impact moderne’.”

Chaque phrase est presque énoncée dans un sourire, on le sent, Stéphanie Reniers est une âme passionnée. Sur son promontoire avec vue sur la danse humaine, elle observe les variations de tempo, les humeurs générationnelles, les envies qui passent… “Parce que recruteur est un métier d’humain, il faut s’accrocher et faire preuve de patience. Parce que les souhaits d’aujourd’hui ne seront peut-être et sans doute pas ceux de demain.”

À propos de Stéphanie Reniers

Petite, Stéphanie Reniers rêvait du marteau et de la toge de l’avocat. Quelques centimètres en plus sur la toise murale et quelques bougies plus tard, elle se donne les moyens de ses rêves et commence une année de droit. Elle excelle dans la pratique, un peu moins dans la théorie.

Son chemin change alors de trajectoire et sa réorientation en tant que chasseuse de têtes est actée quand elle intègre Huxley Associates, première entreprise de recrutement pour laquelle elle postule. “J’ai toujours su que je voulais faire un métier d’humain, avec ce petit côté justicier en toile de fond”. Une conviction chevillée au corps qui ne l’a pas trompée puisqu’aujourd’hui encore, à la tête de Gentis, elle exerce ce métier qu’elle qualifie volontiers de “plus beau métier du monde”.

Anne-Sophie Debauche
Créatrice de contenus, Anne-Sophie est passionnée d’écriture, curieuse et captivée par le pouvoir des mots. Des fenêtres qui ouvrent et éclairent nos communications. Freelance, elle met sa plume au service de l’entrepreneuriat et questionne les nouvelles tendances RH. L’avenir du travail, un sujet qui n’a pas fini de faire couler son encre… Anne-Sophie is een content creator, gepassioneerd door schrijven. Ze is nieuwsgierig, geboeid door de kracht van woorden en zorgt voor deuren die opengaan en onze communicatie vergemakkelijken. Als freelancer gebruikt ze haar pen voor ondernemerschap en stelt ze nieuwe HR-trends in vraag, zoals de toekomst van werk, een onderwerp waar nog steeds veel over wordt geschreven ... Voir tous les articles de #Anne-Sophie Debauche