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Kris Peeters: “Ne créons pas un nouveau statut pour les freelances”

Le marché du travail évolue et des adaptations sont certes nécessaires, mais il ne faut pas pour autant jeter le bébé avec l’eau du bain. Voici en quelques lignes comment le ministre Kris Peeters voit le freelancing aujourd’hui et demain.

« Je suis conscient que notre marché du travail subit des changements majeurs, non seulement en ce qui concerne la manière de travailler, mais aussi dans ce que représentent intrinsèquement les fonctions. Il y a un glissement de la notion de ‘travail’ vers celle de ‘tâche’ », dixit le ministre fédéral de l’Emploi, Kris Peeters. Cela signifie-t-il que la relation de travail traditionnelle est appelée à disparaître ? Non, ça se saurait. « Cette relation bien ancrée restera encore longtemps la norme pour nombre de travailleurs. Nous devons veiller de ne pas aller au-delà des défis que l’économie freelance nous impose, mais il n’y a surtout pas lieu de les ignorer. »

 

Un nouveau statut pour les freelances est-il nécessaire ?

Kris Peeters : « Depuis les années 70, le marché du travail a vu, par suite des développements technologiques, se développer une nouvelle dynamique du travail qui a permis à certains groupes de travailleurs d’acquérir plus d’autonomie. Cette dynamique a eu pour effet d’agrandir au fil des années la zone grise entre le travail salarié et le travail indépendant. Et ce phénomène s’est encore amplifié avec le développement de l’économie numérique. »

« Mais, conformément aux directives du Conseil supérieur de l’emploi, nous ne créerons pas de nouveau statut entre celui des salariés et celui des indépendants.

La création d’un statut intermédiaire ne solutionnerait en rien l’existence d’une zone grise.

Au lieu d’une seule zone grise, ce sont en fait deux zones grises qui sont concernées : l’une entre le statut d’indépendant et un statut intermédiaire, et l’autre entre le statut de salarié et un statut intermédiaire.  De plus, en cas de statut intermédiaire, il y a un risque de voir glisser certains travailleurs salariés vers ce nouveau statut. »

 

Comme vous l’avez mentionné, les travailleurs sont demandeurs de plus d’autonomie, et souvent l’obtiennent. Alors que de leur côté, les freelances aspirent à plus de protection.

Kris Peeters : « Je crois fermement que dans une économie de services, certaines professions créatives ou intellectuelles peuvent parfaitement se concevoir comme étant des travailleurs indépendants, ou plutôt comme des ‘travailleurs autonomes’. Ceci ne devant pas être considéré comme un statut intermédiaire, mais pourrait être une piste pour une forme de statut de travailleurs. Nous voyons surtout si nous pouvons introduire plus de notion de flexibilité dans la législation sur le temps de travail. Le ‘travailleur autonome’ reste avant tout un travailleur, dans une relation de travail traditionnelle, bénéficiant d’une protection conforme, mais possédant plus d’autonomie. Ce travailleur autonome serait la réponse adéquate au double défi que vous mentionnez. »

 

Comment allez-vous garantir l’équilibre entre sécurité et flexibilité ?

Kris Peeters : « Tout ce qui peut stimuler et activer l’entrepreneuriat, et qui va aider les entreprises à faire face aux variations inhérentes à leurs activités, doit être absolument soutenu. En même temps, nous devons veiller à ce que cette flexibilité ne devienne défavorable au point de venir perturber le marché du travail. Le Future of Work ne concerne pas que la flexibilité. Il doit aussi s’agir de faisabilité du travail et de travail rémunérateur. »

Il serait erroné de croire que moins de règlementation, et donc moins de protection, aiderait l’économie.

 

L’économie et le marché du travail s’internationalisent de plus en plus. Quel est le rôle de l’Europe dans ce débat ?

Kris Peeters : « Dans le cadre du pilier européen des droits sociaux, la Commission européenne a proposé de rendre les termes et conditions plus transparentes et plus prédictibles au niveau de l’UE. La Commission souhaite compléter et moderniser les obligations existantes pour que chaque travailleur soit informé sur ses propres conditions de travail. De plus, de nouvelles normes minimales sont proposées pour s’assurer que tous les travailleurs, y compris ceux disposant de contrats atypiques, bénéficient de conditions de travail claires et prédictibles. Aujourd’hui, trop de gens ne savent pas à quoi ils se sont engagés. Nous soutenons la proposition de la Commission, mais nous voulons nous assurer que la charge administrative qui peut en découler reste limitée. C’est un grand pas en avant, en particulier pour les travailleurs utilisant les plateformes de recrutement Nous constatons souvent que c’est là que le bât blesse. »

Freelance journalist. Doet van horen, zien en schrijven over o.a. HR en de arbeidsmarkt. Voir tous les articles de Timothy Vermeir