Soins de santé : oui à la créativité pour résoudre la pénurie de main-d’œuvre
La grave pénurie chronique de main-d’œuvre dans le secteur des soins de santé a entraîné une diversification de son offre d’emploi. Toutefois, le manque de personnel reste une réalité ; les réglementations contraignantes entravant les solutions créatives. Karen Braeckmans appelle les partis politiques à débattre comme il se doit du secteur des soins de santé et de la place des personnes âgées dans notre société.
« Karen Braeckmans, membre du conseil d’administration d’une maison de soins résidentiels, nous confirme la diversification de l’offre d’emploi dans les soins de santé.
Les talents externes ont été sujets à caution par le passé. Soit. Désormais, avec la pénurie chronique de main-d’œuvre, la porte s’est ouverte sur d’autres profils. « C’est la seule façon de répondre aux besoins. Sans imposer de charge supplémentaire aux équipes existantes. »
Les subventions ? Un obstacle pour une politique RH efficace
Le cadre réglementaire ? Une grosse difficulté, précise Karen. Et voici quelques exemples pour étayer ses propos.
Le subventionnement du personnel de santé ne s’applique plus à partir d’une certaine ancienneté.
Les infirmiers et le personnel soignant sont les plus touchés. « Une organisation a alors deux options : réduire le nombre de lits disponibles ou garder le contrôle sur les soins de santé apportés par le personnel infirmier et soignant et confier les autres tâches à des personnes ayant d’autres qualifications. Karen Braeckmans indique que cette situation se déroule sans encombre sur le plan organisationnel, mais que le personnel en plus, titulaire d’autres diplômes, n’est pas subventionné.
Ce qui contrevient à une bonne politique RH. Le coût journalier de la personne âgée nécessitant des soins en subit aussi les conséquences. Le personnel titulaire d’autres diplômes n’est pas toujours subventionné ; le coût supplémentaire est répercuté sur les résidents.
« La créativité du secteur est entravée par un cadre réglementaire qui n’évolue pas avec les réalités du marché du travail. » — Karen Braeckmans
La créativité entravée par un cadre réglementaire rigide
Karen Braeckmans précise qu’il serait tentant de regarder vers l’Inde ou le Portugal, là où le personnel infirmier est nombreux… Autant éviter. Faire venir légalement des infirmières étrangères en Belgique ? Un fameux défi. Par ailleurs, l’homologation des diplômes reste ardue. Une telle migration de la main-d’œuvre doit se faire en plusieurs années.
Karen s’attriste de voir que les institutions de soins de santé ne sont pas aidées par les autorités pour résoudre le problème de la pénurie de main-d’œuvre. « La créativité du secteur est entravée par un cadre réglementaire qui n’évolue pas avec les réalités du marché du travail. D’où une forte pression sur le personnel et une concurrence accrue dans le large secteur des soins de santé pour engager et fidéliser les bons profils. »
« Oser regarder le problème sur un plan élargi et parier sur la créativité des personnes au travail jour après jour. — Karen Braeckmans
Oui pour un débat politique cohérent et d’une perspective sociale plus large
Karen Braeckmans demande au gouvernement belge d’examiner l’ensemble des soins aux personnes âgées et d’en déterminer le cadre financier et humain.
« Oser regarder le problème sur un plan élargi et parier sur la créativité au travail jour après jour. Prévoir des formations de courte durée pour ceux et celles qui démarrent sans les qualifications requises. Pour les aider à prendre en charge des tâches des aides-soignants et des infirmiers ».
Karen Braeckmans appelle également à mettre un terme aux débats politiques non pertinents du moment. « Mettre la priorité sur le vieillissement et la qualité de vie. Qu’est-ce que cela signifie ? « Au niveau sociétal, nous devons réfléchir à un mode de vie inclusif pour les personnes âgées et les personnes dépendantes. »
‘Voilà un changement important à envisager sur un plan macroéconomique. — Karen Braeckmans
Les métiers ? À valoriser !
Karen Braeckmans réclame avec insistance que l’on redouble d’efforts pour rendre les professions de soins plus intéressantes. D’accord, la rémunération supplémentaire a été un plus. Mais, elle reste friande d’histoires heureuses et de campagnes à grande échelle pour mobiliser les gens. Elle s’adresse pour cela non seulement au gouvernement, mais aussi à l’industrie.
Elle souhaite que les personnes qui choisissent effectivement un emploi dans le secteur puissent être valorisées dans leurs tâches principales. Elle fait référence à la proposition politique qui prévoit de limiter, à partir de 2025, l’admission dans les centres de soins résidentiels aux seules personnes très dépendantes, à condition de disposer des ressources financières nécessaires. Cette situation oblige à évoluer vers des domaines de spécialisation et à relever le niveau de qualification du personnel soignant, ainsi qu’à adopter des solutions créatives.
Les soins de santé selon le statut social ?
« Il s’agit d’un changement important qui doit être envisagé à un niveau macroéconomique », souligne Karen Braeckmans, qui insiste sur l’urgence. Elle met en avant la nécessité d’un plan directeur global et d’un plan de financement clair, le tout dans une perspective générale. « En ne regardant que bout par petit bout, la solution va vous échapper », dit-elle.
Si une bonne approche n’est pas adoptée maintenant, la Belgique pourrait dériver vers des soins de classe : les personnes aisées se soignent, pas les autres. « Cela ne doit pas toujours coûter plus cher, un simple réaménagement peut suffire », dit-elle en souhaitant une approche concrète de la part du gouvernement.
À PROPOS DE KAREN BRAECKMANS
Le fil conducteur de la carrière professionnelle de Karen Braeckman est la (co)conception d’une vision à long terme, sa traduction en objectifs stratégiques clairs et la direction réussie d’une équipe performante pour réaliser les changements et les projets nécessaires. Elle l’a fait et le fait encore en tant que CEO, directrice RH, consultante, entrepreneuse et membre du conseil d’administration. Elle a travaillé pour Accenture, VRT et Monard Law et siège aux conseils d’administration de Woonzorg Centrum (WZC) Ter Burg, Die’s-Lekti-kus and Eureka, en Evolta Engineers.
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