Ère numérique : théâtre de productivité ou opportunité ? (WEC 2023)
Compter sur le génie de la lampe pour transformer le marché du travail ? Pas trop le style des organisateurs de la World Employment Conference. Voici le deal : vous êtes invités à explorer comment orchestrer la numérisation pour améliorer nos marchés du travail. Rencontre avec Laetitia Vitaux, spécialiste du futur du travail et intervenante lors de cette édition 2023.
‘Working in a digital age’. Enfonçons cette porte ouverte pour planter le décor de la World Employement Conference 2023 à Bruxelles. On ne présente plus l’événement annuel de cocréation qui rassemble plus de 200 leaders d’opinion du marché du travail. Le 29 mars, la question centrale concernera l’orchestration de cette ère numérique face à des marchés qui semblent aller plus vite que la musique.
Numérique : toutes les cases sont cochées ?
Sur le podium, nous retrouverons Laetitia Vitaud (the one and only). Mais où nous emmènera-t-elle le temps de sa conférence ? « Malgré le backlash contre les plateformes et les entreprises Tech, on assiste à une normalisation des outils numériques. On en parle même plus, c’est devenu une évidence. Le travail hybride est devenu une banalité. Mais normaliser va de pair avec un certain niveau de maturité. Et force est de constater qu’on commence à analyser les obstacles de cette normalisation. »
Nous devons affiner notre rapport au numérique sans pour autant y renoncer.
Une affaire d’agriculture raisonnée
En tant que spécialiste de l’avenir du travail, Laetita Vitaud met le doigt sur ce premier défi : l’ère digitale est synonyme de (mauvaise) santé mentale, de fatigue digitale et d’un usage probablement irraisonné des outils numériques. « J’aime comparer les prochaines étapes de cette normalisation aux méthodes de l’agriculture raisonnée. Soit optimiser le résultat en tenant compte des meilleurs éléments à disposition plutôt que de prendre une position d’antitout. Bref, affiner notre rapport au numérique sans pour autant y renoncer. »
Retour au ‘putting out system’ ?
Restons un instant sur ce phénomène de normalisation qui touche de plein fouet cette quête d’équilibre des temps de vie. Laetita Vitaud nous replonge dans notre sphère domestique souvent devenue le premier espace de travail. Cette centralité nous ramènerait à la période de prérévolution industrielle : le ‘putting out system’, une sorte de délocalisation où la production était réalisée à domicile. « On y revient, car nous vivons de moins en moins au rythme de l’industrie.
Aujourd’hui, on est dans une ère de services et plus particulièrement de soins et de traitement d’infos. Le travail doit donc à nouveau être pensé et organisé en fonction de la sphère domestique. » Un exemple ? Pensez aux assureurs qui réfléchissent aux critères d’une bonne police dans le cadre de la protection d’un collaborateur en travail hydrique. Ou encore le défi de l’équipement du poste de travail ergonomique à domicile…
Tant qu’on fliquera le temps passé de manière obsessionnelle, on sera à côté de la plaque par rapport à la productivité.
L’acte de présence numérique
Parlons aussi de notre modèle du temps. Pour notre experte, même à l’ère du numérique nous restons prisonniers de ce temps si nous continuons à vouloir faire acte de présence numérique. « Certains jouent dans une grande pièce de théâtre où l’objectif serait de se montrer sans forcément être productif. Non, dans notre modèle économique de services la présence dans un lieu devient absurde. La nouvelle jauge de mesure est la relation plutôt que le temps. Tant qu’on fliquera le temps passé de manière obsessionnelle, on sera à côté de la plaque par rapport à la productivité. »
Un marché du travail (dé)connecté ?
Coup de rétro vers l’édition 2022 de la WEC qui se concentrait sur le thème ‘Connecting Worker and Employer Expectations’. Les choses ont-elles évolué selon Laetitia Vitaud ? « Ce qui caractérisait 2022 c’était la crainte d’une pénurie encore plus forte. Ce qui logiquement augmente le rapport de force du travailleur. Mais en réalité je crains ne pas pouvoir le vérifier. L’inflation augmente beaucoup plus vite que les salaires alors que la demande est plus forte que l’offre. Il y a une incohérence non ? ». L’experte désigne ici un blocage dans le recrutement de talents, un marché qui manque de fluidité et des entreprises trop conservatrices au rayon du recrutement.
Spoiler alerte : tendances 2023…
Bon, faut pas rêver, on ne va pas tout vous dévoiler sur l’intervention de Laetita Vitaud. Mais quelque chose nous dit qu’elle vous parlera de cette tendance (contre-productive) de toujours parler des talents en fonction de ce qu’ils ont fait (dans le passé) et non de ce qu’ils pourraient faire. « Ben oui, et si l’innovation dans le travail à l’ère du numérique venait des seniors ? »
(Avant de vous inscrire pour cette édition 2023 de la World Employement Conference, on voulait quand même vous prévenir que Laetitia aime tellement interroger les gens que sa conférence risque de se transformer en débat passionné et délirant. Vous voilà prévenu.)
Facts & Figures
- 1 date: 29 mars 2023 à Bruxelles
- 5 continents: La World Employement Conference accueille des participants venus d’Europe, des États-Unis, d’Asie, d’Australie et d’Afrique.
- + 30 conférenciers: La WEC invite des intervenants experts dans leurs domaines et leurs marchés respectifs. Vous découvrirez le pitch des décideurs politiques, dirigeants d’entreprises, industriels et du monde académique.
- + 200 leaders d’opinion: La WEC attire des leaders d’opinion du monde du travail. Le rendez-vous annuel d’une réelle communauté de professionnels partageant un objectif commun : échanger des idées et établir de nouvelles connexions.
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