"Exploring the future of work & the freelance economy"
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Prix libres : dis-moi combien je vaux?

La tendance du ‘prix libre’ ne fait pas l’unanimité mais existe chez les freelances. Le concept ? Laisser le client évaluer la qualité de la prestation et payer le prix qu’il estimerait « juste », une fois le travail terminé. Explications.

C’est une manière de se libérer de la question financière en renvoyant la patate chaude aux clients

Une fausse bonne idée selon Valérie Maréchal. Elle encadre les entrepreneurs et leur propose des stratégies commerciales pour les aider à dépasser les blocages qu’ils peuvent connaître vis-à-vis de l’argent et de leur valeur sur le marché. Selon elle, le danger de la «rémunération au chapeau » est surtout stratégique. « Le concept en dit long sur le problème relationnel que certains freelances peuvent avoir avec l’argent. C’est une manière de se libérer de la question financière en renvoyant la patate chaude aux clients ce qui peut créer un gros malaise de leur côté aussi, et sur deux niveaux : ils auront peur d’être mal jugés s’ils donnent trop peu, ou de se faire rouler s’ils donnent trop. »

Se libérer l’esprit

Pour Martin Saive, qui est Directeur de création chez Cartoonbase, le concept du prix libre est en effet une mauvaise idée, mais pour d’autres raisons. Ayant lui-même commencé sa carrière en tant que freelance, il privilégie aujourd’hui les collaborations à la facture en période d’essai, avant de proposer un contrat de travail plus solide. Il rencontre donc régulièrement des freelances plus ou moins expérimentés. “Quelqu’un qui me dit ‘paie-moi ce que tu veux’, ça me place dans une situation floue où je ne pourrai pas lui demander des comptes et du résultat : ça ne m’intéresse pas ! J’ai besoin de travailler avec des personnes sur qui je peux compter parce que je les paie pour. Des gens avec de la disponibilité, de la réactivité, le respect des délais, … C’est ça qui a de la valeur ! »

Si le freelance n’est pas à l’aise et qu’il nous propose le prix libre, je vais penser qu’il ne sait pas comment se vendre et qu’il a du mal à parler d’argent

Mano en mano

Chez Cartoonbase, ils privilégieront donc le carte sur table d’entrée de jeu.  « On travaille avec des budgets prédéfinis, avec des offres déjà signées par le client, donc c’est difficile de se dire qu’on verra le budget après. Et plus globalement, il faut vraiment mettre la question d’argent derrière nous dès le début pour pouvoir se concentrer sur le boulot ensuite. Si le freelance n’est pas à l’aise et qu’il nous propose le prix libre, je vais penser qu’il ne sait pas comment se vendre et qu’il a du mal à parler d’argent, et ce ne sera pas grave. Dans notre secteur, c’est assez courant comme malaise, beaucoup d’artistes détestent monétiser leur travail. Alors je vais poser le cadre et désamorcer la situation. J’aurai tendance à partir du principe qu’il ou elle débute, je lui présenterai les prix du marché et je lui proposerai la tranche basse pour une première collaboration qu’on pourra faire évoluer ensuite, selon les résultats. »

Faire la différence

Martin Saive privilégie donc cadre objectif et honnête établi dès le départ par le client, mais qui – aux yeux de Valérie Maréchal – n’est pas encore la solution la plus stratégique pour un freelance, surtout s’il est expérimenté. « Quand on s’aligne sur les prix du marché, on finit par proposer à peu près le même travail pour à peu près les mêmes enveloppes. Toutes les têtes sont alors à la même hauteur, on ne se distingue pas. Et c’est une erreur : le but du jeu d’un freelance, c’est de devenir incontournable aux yeux des clients, être facilement identifiable. »

Le prix, ça parle de la valeur qu’on s’accorde en tant qu’humain et en tant que professionnel

« Le prix, ça parle de toi »

Dans toute collaboration, il y a une question de pouvoir, de jeux d’influences. Pour Valérie Maréchal, le devis, c’est justement le pouvoir que peut garder le freelance. « Le prix, ça parle de la valeur qu’on s’accorde en tant qu’humain et en tant que professionnel. Ça dit la place qu’on décide de prendre dans le monde. Est-ce je veux être un petit freelance qui subit ce que son client a décidé ? Ou est-ce que je m’impose comme un professionnel sûr de lui et de ce qu’il a à offrir ? Faire du bon travail, ça a de la valeur, ça a un prix ! »

Lucie Hermant
Lucie est journaliste, raconteuse d'histoires vraies. Passionnée par les humains, leur courage et les bruits qu'ils font : elle écrit des trucs tout le temps, les dit à la radio souvent, et se passionne pour les podcasts d'inspiration. Parce que rendre le monde (du travail) plus beau, ça passe d'abord par les idées de ceux qui chamboulent le système. Lucie, ce qu'elle aime, c'est donner la parole à ces gens-là. Lucie is journaliste, een echte vertel-ster. Ze is gepassioneerd door mensen, hun moed en de geluiden die ze maken: ze is altijd aan het schrijven, komt vaak op de radio en is gepassioneerd door inspirerende podcasts. De (werk)wereld mooier maken begint immers met ideeën van mensen die het systeem op zijn kop zetten. Lucie geeft hen daarom graag een stem. Voir tous les articles de #Lucie Hermant