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L’Organisation internationale du Travail fête ses 100 ans en 2019

Fondée en 1919 sous l’égide du Traité de Versailles, l’Organisation internationale du Travail (l’OIT) fête donc ses 100 ans cette année. À cette occasion, plusieurs séminaires sont organisés pour débattre des processus de transformation des rapports sociaux qui influencent de nos jours le Travail. Le séminaire du 21 mars dernier, organisé par l’ULiège, posait la question thématique suivante : « Qu’est-ce qu’un travailleur aujourd’hui ? »

Une question sans réponse ?

Si la question semblait relativement simple, force est de constater qu’aucun des représentants académiques présents n’avait vraiment l’ambition d’y répondre d’emblée. L’objectif étant plutôt d’apporter des pistes de réflexion pour actualiser la définition du ‘travailleur’.

Vous avez dit salariat ?

Esteban Martinez (ULB) ouvre le débat avec une analyse historique : « On peut avoir une lecture de toute l’histoire sociale comme étant une lutte pour l’emploi et à la fois contre le travail. Autrement dit, travailler moins pour gagner plus. » Pour l’orateur, le débat politique autour des évolutions du travail et de l’emploi s’active autour de deux interprétations : l’une annonçant une probable sortie du salariat, et l’autre où le salariat demeure encore la norme d’emploi. « La libération du travail est une illusion. Les discours managériaux misent volontiers sur le désir d’autonomie des salariés pour légitimer la conversion de l’entreprise à la flexibilité́. »

Dans son plaidoyer, Esteban Martinez précise également le rôle signifiant des entreprises dans la nouvelle économie. Il parle d’entreprise‐réseau hybride faisant intervenir des sous‐traitants, des agences de travail intérimaire, des franchisés et des travailleurs indépendants, avec lesquels sont conclus des contrats commerciaux. « L’économie de plateforme (Deliveroo, Uber…) n’est jamais que le prolongement de ce mouvement d’externalisation des ressources. Ce qui est neuf, c’est l’aspect technologique et l’absence d’interlocuteurs sociaux pour négocier les conditions de travail. »

Un panel international

Le centenaire d’une organisation comme l’OIT ne se fête bien entendu pas sans un apport de niveau international. Le débat était alimenté par des participants allemands, suisses, français, anglais, luxembourgeois et italiens. Pour la Belgique, Vincent Mariscal (UCLouvain) a expliqué que la disruption annoncée va dans le sens d’une logique de division, d’individualisation, et donc d’affaiblissement des résistances collectives. « Il faut élargir le Droit du travail pour qu’il soit plus protecteur envers les indépendants. ».

Perception obsolète et notion de bien-être

Pour Jörn Janssen (Université de Dortmund), la définition donnée au travailleur actuel n’en est pas une. Il pointe ainsi la perception obsolète que nous avons de la relation avec le travail, alors que celle-ci se transforme au rythme d’une nouvelle réalité du marché. Quant à Nicolas Bueno (Université de Zurich), il estime que la question du jour peut mener à une réponse économique ou non économique : « Économiquement parlant, le travailleur est un capital productif. De son côté, si le travailleur est productif, c’est pour répondre à sa volonté de bien-être. »

Nouvelles formes de chômage et nouvelle protection sociale

Marc Zune (UCLouvain) avait lui décidé de se placer sous l’angle du chômage. « Globalement, le chômage est en train de devenir un phénomène plus vaste : il est caractérisé par un manque, ou une inadéquation, d’emplois payés décemment et générateurs de protection sociale. »

Pour conclure la première partie du débat, Fabienne Kéfer (ULiège) explique : « Le législateur, qu’il soit international, européen ou national, doit réfléchir à de nouveaux modes de protection sociale pour le travailleur d’aujourd’hui, qui œuvre dans un environnement économique globalisé très compétitif, qui est soumis à des ‘nouvelles manières de travailler’ (New Ways Of Working), et qui est doté́ d’une autonomie sans précédent de conception et d’exécution dans son travail. Bref, autant de menaces que de bienfaits. »

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Jean-François Dinant
Jean-François est Créateur de contenu (freelance of course) et amoureux de Communication. Pour lui, les #RH, le #Nouveau Monde du Travail, l’#Entrepreneuriat et la #Transformation Digitale sont ses drogues durs. Jean-François is Content Creator (freelance of course) en in love met communicatie. Voor hem zijn #HR, de #NWOW, #Entrepreneurship en #DigitalTransformation zijn harddrugs. Voir tous les articles de #Jean-François Dinant