NextGen Work : ceux qui choisissent la flexibilité sont de plus en plus nombreux
Travail à temps partiel, freelance, travail temporaire, télétravail, … De plus en plus de talents choisissent une forme de travail alternative. Ils optent pour la liberté de choix, pour la flexibilité. C’est la NextGen Work.
Un nombre croissant de travailleurs optent pour un modèle de travail alternatif plutôt qu’un emploi traditionnel à temps plein. Ils veulent obtenir plus de liberté de choix, plus de flexibilité et développer par eux-mêmes leurs capacités. Les entreprises veulent trouver le meilleur talent à un moment donné, quel que soit son statut. Ellen Saeys, Customer Manager Business Lead dans la division MSP de ManpowerGroup Solutions TAPFIN, explique comment la NextGen Work influence le marché belge.
Que signifie NextGen Work ?
« NextGen Work est synonyme de nouvelles formes diversifiées de travail et de contrat, dans lesquelles la population active peut et veut s’engager (intérim, freelance, indépendant, ‘platform worker’, ‘slasher’, …). De plus en plus, on constate une volonté d’avoir plus d’autonomie, de subir moins d’autorité, et cela se ressent nettement lors de l’engagement de talents. »
« Le marché est en train de muter d’un modèle one size fits all à un modèle one size fits one. Traditionnellement, une carrière débute par un job d’étudiant ou par un stage pour ensuite se poursuivre par un contrat fixe avec une entreprise. Mais les choses ont changé. Nous ne restons plus nécessairement chez notre premier employeur et nous endossons des fonctions pour lesquelles nous n’avons pas suivi d’études. Les travailleurs veulent bâtir leur expertise. Et ils le font dans le cadre de leur travail actuel ou changent d’emploi, en adoptant parfois un autre statut. Ceci entraine une évolution dans le rôle de l’employeur. Il n’est plus seulement le patron, mais devient pour ses collaborateurs un bâtisseur de talents. »
Les Belges sont-ils prêts pour prendre le train de la NextGen Work ?
« La réponse est oui. Cela peut se constater par le nombre croissant de freelances. Dans notre pays, ils étaient 200 000 fin 2016, et chaque année ils sont 6% de plus. C’est donc une tendance majeure à laquelle la législation doit toutefois encore s’adapter. C’est pourquoi je trouve remarquable que, malgré tout, de plus en plus de travailleurs optent pour une existence freelance plutôt incertaine.
Le succès des startups a également un impact sur le nombre croissant de freelances : on y trouve ceux qui veulent faire quelque chose de passionnant après leurs études ou en marge de leur emploi. Cet esprit d’entreprise demande également plus de flexibilité. Les start-ups ne sont pas seulement fondées par des jeunes diplômés, mais également par des talents qui ont déjà une belle carrière derrière eux. »
Pourquoi choisit-on de devenir freelance ?
« Pour devenir son propre patron. La flexibilité que ce statut implique est particulièrement appréciée. Les freelances ne sont pas tenus par des horaires de travail fixes, ils peuvent facilement combiner leur travail d’indépendant avec leur vie de famille ou avec une autre activité.
Le nombre de personnes à la recherche d’un revenu supplémentaire a également augmenté. Avoir un revenu supplémentaire peut être une nécessité, car on est célibataire, ou un choix si l’on veut mettre à profit son temps libre. Les gens sont toujours curieux et désireux d’apprendre, de sorte qu’il n’y a parfois qu’un pas pour professionnaliser un hobby. C’est une tendance qui apparaît également sur le marché de l’emploi. »
Les entreprises sont de plus en plus nombreuses à comprendre qu’elles doivent faire preuve de flexibilité pour attirer les bons talents. Lorsque cette évolution est réalisée, quelle est alors la différence entre un freelance et un collaborateur fixe ?
« Les entreprises feront toujours un choix délibéré parmi les différents statuts. Elles devront toujours avoir en interne un certain nombre de core competencies. »
Vous avez affirmé que les autorités doivent encore s’adapter aux besoins de ce groupe en croissance de freelances. Selon vous, à quoi les politiques devraient-ils s’attaquer en ce domaine ?
« Les étudiants peuvent maintenant travailler plus d’heures et les pensionnés peuvent avoir des revenus supplémentaires plus importants avec une fiscalité plus avantageuse, et ce grâce à une nouvelle réglementation. Mais, par exemple, pour pouvoir acheter une maison, on constate souvent que seuls les revenus fixes des acquéreurs potentiels sont pris en compte.
Je pense donc que les autorités devraient davantage soutenir les employeurs afin qu’ils puissent mieux anticiper les besoins des talents. La balance doit être rééquilibrée. Les talents devraient pouvoir faire un compromis fondé sur les opportunités, plutôt que sur la sécurité d’existence et le salaire. »
Les jeunes en âge de scolarité devraient-ils déjà réfléchir à la façon dont ils peuvent se préparer à cette évolution de NextGen Work ?
« Je remarque que les jeunes diplômés n’ont aucune conscience de la façon dont fonctionne le marché du travail. Les possibilités sont énormes et il est dès lors, bien sûr, difficile d’estimer les avantages et les inconvénients de chaque choix et de projeter un parcours personnel. Ceux qui débutent doivent être plus conscients de leurs besoins à court et à moyen terme et doivent élaborer un plan de carrière sans pour autant s’y accrocher. La réalité du marché est parfois à des années-lumière du milieu de vie des élèves. »