"Exploring the future of work & the freelance economy"
SLUIT MENU

Selon Karen Braeckmans, « Les entreprises éprouvent un besoin croissant d’une expertise juridique polyvalente »

Un cabinet d’avocats nommant une CEO sans background juridique ? Une première en Belgique quand Karen Braeckmans est arrivée chez Monard Law. Flexibilité de la transition des effectifs et perspectives : voilà la teneur de ses propos.

Un cabinet d’avocats nommant une personne qui n’est pas juriste au poste de CEO ? Une première en Belgique quand Karen Braeckmans, alors directrice RH et membre de la direction à la VRT est arrivée, en 2015, chez Monard Law. Une expérience unique qui, de prime abord, a pu faire froncer les sourcils, mais qui constituait un choix conscient pour l’un des bureaux d’avocat leader en Belgique. « Monard Law cherchait une personne expérimentée en partenariat et dans le secteur des services professionnels. Exactement ce qu’apportent mes expériences chez Accenture et à la VRT », ajoute Karen.

Comme je ne suis pas partie prenante dans les dossiers et avec mes clients, je peux réfléchir en toute indépendance et de manière proactive à la stratégie et aux opérations.

Plus simple pour une personne qui n’est pas juriste

« Mes différents postes chez Accenture et à la VRT m’ont amené à travailler avec des cabinets d’avocats », explique Karen. « Je comprends donc l’importance de l’interaction entre les entreprises et les experts juridiques. Je n’ai toutefois pas de formation juridique et selon moi, cela n’a pas été contre-productif à mon arrivée. Au contraire. Je trouve même que c’est plus simple pour une personne qui n’est pas juriste, car mon seul objectif est de diriger cette entreprise. Comme je ne suis pas partie prenante dans les dossiers et avec mes clients, je peux réfléchir en toute indépendance et de manière proactive à la stratégie et aux opérations. C’est un atout majeur pour moi. »


Biographie de Karen Braeckmans

Karen Braeckmans, CEO chez Monard Law. Après avoir obtenu une maîtrise en économie appliquée, elle a commencé sa carrière chez Accenture en 1989, pour devenir associée en 1999. Elle s’est spécialisée dans le conseil aux entreprises publiques parmi lesquelles Belgacom (aujourd’hui Proximus) et la Poste belge (aujourd’hui bpost), dans le cadre des changements induits par la libéralisation des marchés. Karen a aussi participé, à cette époque, à la création de la joint-venture entre Accenture et bpost, qu’elle a dirigée en tant que CEO pendant deux ans.

En 2007, elle a quitté Accenture pour créer sa propre entreprise, mais en 2011, elle a décidé de relever un nouveau défi en devenant membre du comité de direction et directrice RH de la VRT. Avec le CEO de l’époque, elle a lancé le processus de numérisation du groupe de radiodiffusion publique.

En mars 2015, Karen est entrée chez Monard Law, le premier cabinet d’avocats belge à nommer une personne qui n’est pas juriste au poste de CEO. 

Les contributions de Monard Law, partenaire de NextConomy, sont disponibles ici.


Un secteur en transition

Un leadership transparent est aussi essentiel en période de changement. « La profession d’avocat est en pleine transition », déclare Karen. « Dans les entreprises, nous constatons de plus en plus une propension au détachement ou à un recours flexible au savoir-faire juridique. La raison en est simple : en Belgique, environ 50 000 entreprises occupent plus de 10 personnes, sans  disposer d’expert juridique. Dans les grandes entreprises, cet effectif fluctuant externalisé est souvent utilisé pour couvrir les absences de longue durée du service juridique de l’entreprise. »

Une évolution que Karen considère comme croissante à l’avenir. « Les entreprises bénéficient de nombreux avantages à travailler de cette manière, dans la mesure où il faut impliquer dès le départ les bonnes personnes dans votre gestion opérationnelle, y compris dans le domaine juridique. Vous pouvez aussi, en tant qu’entreprise, réagir de manière souple et rapide.

Dans les entreprises, nous constatons de plus en plus une tendance au détachement ou à un recours au savoir-faire juridique en toute flexibilité.

Des projets pilotes proposent déjà des formules d’abonnement pour recourir à un expert juridique via des cabinets d’avocats. Mais je ne vois pas beaucoup de dynamisme dans ce domaine spécifique pour le moment. La constitution de groupements d’avocats pouvant être déployés à la carte est donc une solution que les cabinets d’avocats ne sont pas encore prêts à adopter à grande échelle. »

Une pollinisation croisée à envisager

« Une partition pour l’avenir est toutefois envisageable et elle se concrétise déjà davantage : les avocats rattachés à un cabinet sont externalisés auprès d’entreprises pour une période donnée. Cette démarche crée également une pollinisation croisée, qui est à mon sens très appréciable. Et ce d’autant plus que l’avocat apprend à connaître le fonctionnement de l’entreprise, qui en tire elle-même parti. Pour une entreprise, un avocat en interne qui peut consulter toute une équipe de spécialistes dans son bureau au besoin, représente une grande valeur ajoutée.

L’entreprise se sent ainsi en confiance, car les dossiers juridiques souvent complexes nécessitent également une coopération à long terme. En tant que juriste, vous devez être en mesure de vous plonger dans les structures et les questions juridiques d’une entreprise. Et cela ne se fait pas du jour au lendemain. »

Un freelance a tout intérêt à faire partie d’une équipe.

« Mais il y a d’autres avantages, car en matière de contenu et de matériel, vous ne comptez évidemment pas sur une seule personne. Le support est solide point de vue matériel et contenu. L’avocat à demeure n’est pas à l’aise dans un certain domaine ? Il peut alors toujours faire appel à une solide équipe d’experts. Le freelance se sent également à l’aise dans cette situation, car il fait partie d’une équipe, il pratique l’intervision et peut donner son avis. Être membre d’une organisation représente un aspect important. Comme vous faites partie d’un bureau, vous devez faire en sorte que tout se déroule conformément à la planification. Avoir quelqu’un de disponible à tout moment est une excellente idée en théorie, mais ne s’applique pas toujours en pratique. »

Priorité à la transformation des effectifs

Quant à l’avenir, Karen parle avec passion de ses objectifs : « Ma mission principale est de toujours rester à l’écoute, surtout en ce qui concerne les questions numériques. Sans pour autant que cela fasse trop d’ombre à notre core business, car je sais qu’il est important de rester en contact étroit avec nos clients. Je veux faire la différence dans la question du service. L’expérience client est essentielle. 

Je veux faire la différence dans la question du service. L’expérience client est essentielle. 

Mais je veux aussi faire la différence pour ce qui est de notre effectif. Comment s’y prendre avec le personnel, stimuler la créativité et l’innovation, créer une bonne ambiance de travail agréable ? Bref, comment se profiler comme étant le meilleur endroit pour travailler ? Autant de questions qui me préoccupent et à propos desquelles je souhaite obtenir des résultats.

Je veux également mettre en place et équilibrer une bonne transformation des effectifs : à quoi ressemble le mix idéal entre avocat.e.s freelances, assistant.e.s juridiques voire avocat.e.s salarié.e.s ? Et avant tout : quelles sont les ressources que nous utilisons pour obtenir les meilleurs résultats ? Ce sont des enjeux pour aujourd’hui et demain que j’aime relever. »

 


 À propos de la série ’Women in Contingent Workforce Management’

De plus en plus d’organisations professionnalisent le recrutement de leurs collaborateurs externes. NextConomy propose donc une série d’entretiens autour du thème central ‘Women in Contingent Workforce’. Ils ont pour but d’inspirer et de partager des idées avec tous ceux qui sont impliqués de près ou de loin dans le recrutement de collaborateurs externes. En particulier, nous voulons montrer aux femmes qu’il existe des carrières passionnantes dans un domaine encore relativement novateur et inconnu, mais tourné vers l’avenir et d’une importance stratégique croissante pour les organisations.

Les autres articles de cette série peuvent être consultés ici.