Freelance et entreprises : qui mène la barque ?
La féroce évolution du nombre de freelances sur le marché du travail renvoie très souvent à la question de la poule et de l’œuf : les jeunes travailleurs ont-ils tendance à se tourner vers la formule parce qu’ils appartiennent à une génération en permanente quête d’indépendance et de sens ? Ou les entreprises tirent-elles les ficelles en étant de plus en plus frileuses quand il s’agit de s’engager de manière indéterminée avec un salarié ? Et si la réponse se trouvait entre les deux ?
Pour Joël Poilvache, directeur de la filiale belge du spécialiste en ressources humaines, Robert Half, la réponse est à nuancer. « C’est le marché du travail dans son ensemble qui est en mutation. Les entreprises cherchent aujourd’hui, et pour diverses raisons, de l’expertise rapide et flexible. Un bon équilibre dans la force de travail entre le personnel salarié et l’externalisation permet de mieux maîtriser les coûts fixes, sans perdre l’accès à de fortes expertises. Je crois que, malgré tout, c’est bien la demande qui crée l’offre, mais les professionnels qui constatent cette demande s’y intéressent, voient les avantages dans ce type de formule et s’y lancent plus jeunes qu’avant. »
Faire le lien
Les métiers possibles en formule freelance sont de plus en plus nombreux sur le marché et répondent facilement à plusieurs besoins. Des HR managers, notamment, sont régulièrement demandés pour des missions à la carte. Un constat qui n’est pas dénué de sens puisque le manager HR peut être un lien important entre le freelance et son client, tout au long de la mission. « C’est quelqu’un qui doit être proche du freelance et de sa hiérarchie, il joue un rôle de facilitateur. »
Quelques lacunes encore
Les dernières mesures prises par les gouvernements en place n’ont pas complètement oublié les indépendants en général ni les freelances en particulier. Plusieurs processus existent aujourd’hui pour faciliter la création de société, encourager les jeunes comme les plus les expérimentés à se mettre à leur propre compte grâce à des portes d’entrée particulièrement simples aujourd’hui. A l’heure aussi où le covid-19 paralyse l’économie du monde entier, on souligne les mesures de soutien par rapport à des reports de charges, des mesures fiscales, etc. Mais le système de soutien est toujours perfectible. Joël Poilvache pense notamment aux systèmes de formation. « Parmi ceux qui se lancent en tant que freelance, par choix ou par dépit, certains sont très qualifiés et ont d’excellentes références. Du coup, ils sont très recherchés sur le marché et ils vont enchainer les missions comme ils le décident. Mais pour d’autres, ce sera plus sporadique, d’autant que la concurrence est de plus en plus forte. Donc par rapport au système, des mesures de soutien ou de formations entre missions, par exemple, pourraient être mieux développées au niveau politique, ou en tout cas mieux prises en compte. »
Plus encore pour les start-up ?
Plus encore que les entreprises relativement importantes, les jeunes entrepreneur.se.s se tournent davantage vers le freelancing pour toutes les missions qui le permettent. Démarrant souvent avec un budget limité, ils ou elles sont séduit.e.s, évidemment, par les arguments financiers du contracting, mais pas seulement. « Les start-up ont besoin d’expertises fortes et rapides dans certains domaines essentiels à leur développement. La formule d’un freelance les intéresse donc aussi parce qu’elle permet des prestations à la carte, d’un jour par semaine, par exemple. » Finalement, quelles que soient les dimensions de l’entreprise cliente, l’objectif reste bel et bien de bénéficier d’expertises solides et constructives, tout en tenant un budget raisonnable.