"Exploring the future of work & the freelance economy"
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Les freelances sont des abeilles

Drôle d’idée que de comparer les freelances à ces hyménoptères me direz-vous ! Les freelances n’en sont pas moins des pollinisateurs et c’est tant mieux ! Il s’agit même de leur plus grande force, pourtant ce n’est jamais la raison pour laquelle les entreprises font appel à eux.

Pourquoi travailler avec les freelances ?

Les entreprises ont de nombreuses raisons de collaborer avec les freelances. Tout d’abord il y a un enjeu de gestion des ressources. En corrélant le recours aux freelances aux fluctuations de leurs activités, ces dernières optimisent leur main d’oeuvre et se flexibilisent. IDEO, la firme de design californienne dispose ainsi de 20% de ses effectifs en freelances pour 80% de travailleurs permanents. Dès que les projets sont suffisamment nombreux, l’entreprise peut alors augmenter les collaborations avec les freelances. Et à l’inverse elle sollicite moins son pool de talents lorsque l’activité stagne.

Rien de futuriste là-dedans, simplement une bonne gestion des ressources de l’entreprise. Ce qui est déjà loin d’être la norme.

Le deuxième avantage dans la collaboration avec les freelances est de pouvoir faire ponctuellement appel aux talents auxquels l’entreprise ne peut pas prétendre en permanence.

Soit parce que le marché est en situation de pénurie pour une compétence précise et toutes les entreprises se livrent une guerre pour attirer les meilleurs. Alors qu’auparavant cette bataille n’était cantonnée qu’aux grandes organisations dont le nombre était restreint, aujourd’hui les start-ups ont de vrais arguments pour attirer les top talents et renforcent la concurrence entre les services de “Talent Acquisition”.

Soit, l’entreprise n’a besoin des compétences pointues d’un expert que le temps d’un projet précis et ne serait pas en mesure de le salarier toute l’année. Dans ce cas le recours aux freelances est une véritable solution.

Au-delà de la flexibilité et des compétences pointues, les freelances peuvent apporter bien plus, se révélant être des pollinisateurs. C’est malheureusement sur ce point qu’encore trop peu d’entreprises ont saisi l’importance des indépendants.

Les freelances, ces abeilles

Le freelance n’évolue pas dans un cadre fixe, il est sans cesse confronté à de nouveaux environnements auxquels il doit s’adapter. Ses clients, ses missions et son champ de compétences évoluent tout le temps, bien plus vite que pour un salarié.

Pour une mission donnée, le freelance ne maîtrise jamais 100% de ce qui lui est demandé, il doit se former en continu.

Fonctionnant par nature en mode projet, travaillant bien volontiers à distance, il expérimente sans cesse de nouvelles façons de travailler, découvre de nouveaux outils et petit à petit devient une mine de ressources.

A chaque mission le freelance peut apporter à l’entreprise cliente bien plus que ce pour quoi il a été sollicité au départ. Il peut polliniser les bonnes pratiques qu’il a découvertes dans ses expériences précédentes. Cela peut être des compétences techniques, de la formation à l’utilisation d’un nouvel outil ou bien accompagner la mise en place du télétravail. S’il est bien organisé, son passage en entreprise s’accompagne d’un flot d’externalités positives.

Rien de tout cela n’est formellement écrit dans le devis ou la lettre de mission mais au fur et à mesure des interactions, le partage de connaissances se fait et la transmission de bonnes pratiques peut être un véritable vecteur de changement et d’innovation pour l’entreprise cliente.

De plus, en arrivant avec un regard extérieur et neuf, le freelance est plus à même de prendre du recul et d’identifier les points de friction et parfois des clés pour y répondre s’il a déjà été confronté à des problématiques similaires dans ses expériences précédentes.

Il faut considérer le freelance comme un expert qui apporte une solution à l’entreprise pour un problème donné. S’il est bien accueilli, intégré et se sent à l’aise il pourra aller bien plus loin en partageant son expérience et ses bonnes pratiques.

Et concrètement, comment ça se passe ?

Cet été j’ai rencontré Jean qui travaille chez Flexjob, il me racontait sa propre expérience avec les freelances. Un des développeurs avec lesquels ils travaillaient depuis un moment (en remote) est venu passer une journée dans leurs locaux. Ce jour-là une des salariées rédigeait une offre de recrutement et en quelques minutes le freelance a pu lui faire des feedbacks sur son annonce pour la rendre plus attrayante pour le regard d’un candidat.

De la même façon les freelances peuvent apporter des réflexions sur l’organisation du travail. Lors de mon passage aux Etats-Unis, j’ai rencontré une grande entreprise dans le domaine médical. Elle avait fait appel à quatre freelances en UX design pour un projet de trois mois. La mission s’était tellement bien passée qu’à l’issue de cette collaboration, l’entreprise a sollicité les freelances pour une journée de formation des employés à leurs méthodes de travail.

Et la réflexion peut même être consciente côté freelance ! Ryan, développeur mobile en freelance à New York me confiait qu’il apportait délibérément plus de valeur à son client que ce qui lui était demandé afin de se démarquer et de laisser un excellent souvenir de son passage. Après plusieurs semaines de développement d’applications mobiles, il apportait à ses donneurs d’ordres son avis sur la stratégie de l’entreprise. Un point de vue précieux après avoir développé des apps pour des dizaines de start-up.

Les bonnes pratiques à retenir pour favoriser cette pollinisation :

  • Invitez les freelances à venir travailler de temps en temps dans vos locaux pour côtoyer les salariés
  • Invitez les freelances à participer aux déjeuners d’équipe, aux conférences internes et autres temps forts de l’entreprise.
  • Soyez curieux ! Posez-leur des questions sur leurs expériences passées, les missions qu’ils ont préférées, leur organisation …

Il n’y a pas de secret : soyez humain et intéressez-vous sincèrement aux freelances, vous avez tout à y gagner ! Mettez-vous à leur place et essayez d’imaginer la façon dont ils aimeraient être traités, ce qu’ils attendent de cette mission. Et n’hésitez pas à le leur demander.

La meilleure des bonnes pratiques c’est de faire preuve de bon sens !

 


Cet article a initialement été publié dans la newsletter le Billet du futur. 

Auteur : Samuel Durand – Auteur de la newsletter le Billet du futur, consultant sur la transformation du travail et Guest blogger sur la plateforme NextConomy 

Photo by Boris Smokrovic on Unsplash