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Une organisation syndicale pour les freelances ? « C’est une sérieuse réflexion à mener »

Qui représente les freelances face aux entreprises, en fait leurs clients ? Maintenant que les travailleurs intérimaires pourront faire entendre leur voix lors des prochaines élections sociales, il est une question que nous voudrions poser à Erwin De Deyn, président du SETCa, le syndicat des employés, techniciens et cadres de la FGTB.

Le 13 mars dernier, la commission des Affaires sociales a décidé que les travailleurs intérimaires seront autorisés, sous conditions, à voter lors des élections sociales de 2020. « Cela devrait finir de convaincre les représentants des travailleurs de prendre leurs besoins en considération », estime Erwin De Deyn. « Les intérimaires pourront participer aux élections dans la catégorie des employés ou des ouvriers, et les candidats auront à démontrer leur capacité à défendre leur groupe de travailleurs, et qu’ils veilleront à une attribution correcte de leurs affections. C’est l’occasion pour les syndicats d’accorder encore plus d’attention qu’actuellement au groupe des intérimaires. »

Pas d’encadrement pour les freelances

Et qu’en est-il de cet autre groupe de travailleurs flexibles que sont les freelances ? Erwin De Deyn souligne les différences qui existent par rapport aux intérimaires. Alors que le cadre régissant le travail intérimaire est parfaitement clair – mêmes barèmes de rémunération et des conditions de travail appliquées aux collaborateurs fixes – il n’en va pas de même pour les freelances. « Nous nous posons la question de savoir – notamment dans certaines entreprises et certains secteurs – si tous les freelances sont des travailleurs indépendants ou bien des faux indépendants qui devraient en fait avoir le statut de salarié. Je peux comprendre que les freelances aient leur propre vision sur ce sujet et ne souhaitent pas nécessairement adopter le statut de salarié, mais dans un certain nombre de situations, vous vous trouvez dans une zone grise. »

L’existence de cette zone grise ne signifie pas qu’Erwin De Deyn aurait l’envie de créer un 3e statut entre indépendant et travailleur salarié. « Nous ne sommes pas en faveur de cela, car vous finiriez par vous retrouver dans une situation où le client pourrait faire du cherry picking. Nous craignons que la protection dont bénéficie le statut de salarié ne soit menacée. Pourquoi les freelances qui sont engagés de façon quasi constante auprès d’un seul et même client ne pourraient-ils pas opter pour le statut de travailleur salarié ? Tandis que les freelances occupés généralement par différents clients restent eux bien sûr de vrais indépendants. Nous maintenons notre point de vue sur ce cloisonnement traditionnel. »

Services individuels et collectifs

La question se pose de savoir si le groupe des freelances n’aurait pas besoin d’une représentation, et même peut-être plus que les intérimaires, précisément parce qu’ils ne disposent pas de cadre réglementaire.

À la SETCa, on ne sait pas encore si c’est un rôle que nous pouvons endosser », explique Erwin De Deyn. En tout état de cause, ils ne sont actuellement pas prêts, car les services individuels et collectifs envers les freelances requièrent une expertise particulière dans un contexte éloigné de la relation de travail fondée sur un contrat d’emploi. Et au niveau collectif ? « Il s’agit par exemple de définir un cadre collectif dans lequel le freelance peut être occupé dans un (sous-)secteur spécifique ou au sein d’une entreprise. Cela offrirait déjà aux freelances un surcroît de certitude quant à la relation professionnelle qu’ils ont avec leurs clients. »

« C’est en tout cas une réflexion à mener », poursuit Erwin De Deyn. « On ne peut pas simplement dire que les freelances sont un groupe important et qu’on va s’en occuper dans l’immédiat. C’est avant tout l’objet de discussions internes qui sont en train d’être menées. À la fin de cette année, il est prévu un congrès du SETCa avec notamment ce débat à l’ordre du jour, et nous pourrons probablement progresser et développer ce qui est nécessaire au sein de notre structure pour en faire un vrai sujet. »

Avant de nous séparer, nous soumettons encore à Erwin De Deyn l’hypothèse selon laquelle les freelances seraient représentés par Unizo. « Bien sûr que les freelances sont des travailleurs indépendants, et qu’ils sont représentés par les organisations de travailleurs indépendants. Mais vous savez comme moi que ces organisations ne représentent pas seulement les travailleurs indépendants, mais aussi de plus en plus de PME … »

Freelance journalist. Doet van horen, zien en schrijven over o.a. HR en de arbeidsmarkt. Voir tous les articles de Timothy Vermeir