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Les robots sont là pour nous servir, et non l’inverse

Les robots pourraient-ils un jour remplacer les chirurgiens ? C’était l’une des questions qui était au cœur d’un événement organisé récemment par ETION. Les orateurs, le Prof. Dr. Alex Mottrie (Orsi Academy) et Christophe Mouton (AZ Maria Middelares) ne sont en tout cas pas de cet avis. « La robotisation permet au médecin de mieux se consacrer aux patients et à l’aspect émotionnel. »

Le lieu de la rencontre avait été fixé à l’Orsi Academy à Melle (Gand), le plus grand centre de formation en chirurgie robotisée d’Europe. Ce tout nouveau bâtiment inauguré en septembre se compose de salles d’opération, de bureaux et de salles de réunion.

la photographie: Johan Martens

 

Le Prof. Dr. Alex Mottrie, fondateur et inspirateur du centre, est depuis longtemps convaincu que la chirurgie robotisée est l’avenir. L’an dernier, près d’un millier de chirurgiens ont reçu une formation à la maîtrise de la chirurgie assistée par robot.

« La chirurgie connaîtra plus de changement au cours des dix prochaines années qu’elle n’en a connu au cours des cent dernières », a affirmé le professeur Mottrie. Ou pour reprendre les termes du chirurgien général Richard Savata : « L’avenir n’est pas fait que de sang et de boyaux, mais aussi de bytes et de bits. »

L’aspect humain

Le professeur Mottrie fait autorité en matière de chirurgie robotisée. Au cours de son exposé, il en a bien sûr vanté les avantages. « Grâce à la technologie robotisée, il est désormais possible d’intervenir de façon moins agressive : pour les patients, c’est moins douloureux et les cicatrices sont réduites, ensuite on rencontre moins de complications, et le séjour à l’hôpital est de moins longue durée. »

Les robots seront-ils un jour chargés des opérations ? Le professeur Mottrie ne le pense pas. « Il est vrai qu’ils seront dans l’avenir de plus en plus autonomes, mais aujourd’hui, ils apportent avant tout de l’assistance. La technologie peut se substituer partiellement aux chirurgiens, mais ils seront toujours présents. Grâce à la robotisation, le médecin pourra mieux se consacrer aux patients et à l’aspect émotionnel. »

Ce pionnier de la chirurgie robotisée conserve toutefois un œil critique sur l’évolution technologique. « Je reconnais ses avantages, mais aussi les dangers qu’elle peut représenter. Les robots sont là pour nous servir, et non l’inverse. »

Des soins à la prévention

Christophe Mouton, CEO de l’AZ Maria Middelares, s’est également engagé dans l’innovation, notamment avec la digitalisation et la portabilité qui permettent de suivre les patients. « Nous voulons être des early adopters, mais sans pour autant nous lancer dans de la recherche fondamentale », a déclaré Christophe Mouton. « Nous connaissons une évolution des soins vers la prévention, grâce notamment aux appareils portables, les wearables. »

Les deux orateurs veulent également tenir compte de l’impact de la technologie sur l’éthique. « Les soins de santé touchent avant tout à l’humain. », dit le professeur Mottrie. « Il n’est pas toujours facile d’évaluer de ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire avec des données. Mais la vie privée telle que nous l’avons connu dans le passé n’existe plus. »

L’amortissement

Du point de vue microéconomique, l’utilisation d’un robot est toujours déficitaire. L’hôpital ne reçoit pas de financement pour son investissement. « L’innovation n’est pas récompensée. », explique Christophe Mouton. « Si les wearables permettent, par exemple, de réduire de 80% les besoins en réanimation, cela a pour effet de réduire le financement accordé aux services d’urgence. »

Et pour les auditeurs présents, ce discours a tout son sens. « Nous aussi voulons être à la pointe de l’innovation. », déclare Philip Nieberding, directeur médical de l’AZ Nikolaas. « Actuellement, nos chirurgiens ne disposent pas encore d’installations robotiques, mais ils opèrent également dans des hôpitaux partenaires. Notre fonds pour l’innovation médicale doit bénéficier de moyens pour rendre possible ce type d’achat. Un coût d’investissement abordable restant l’un des plus grands défis d’un grand hôpital régional. »

la photographie: Johan Martens

 

Philip Nieberding lui non plus ne croit pas que les robots vont remplacer les chirurgiens. Il les voit plutôt comme une aide pour poser des gestes médicaux complexes ou pour agir promptement dans les cavités abdominales. « Le pas pour faire appel à la chirurgie robotisée est vite franchi quand on songe que cette évolution permet au chirurgien d’améliorer ses capacités techniques et son confort, et d’être plus attentif tout au long de l’intervention. Quant à l’éthique, ce n’est pas ce qui devrait le plus le préoccuper. Les comités d’éthique des hôpitaux régionaux s’occupent très bien de cet aspect, en coopération avec les partenaires des universités. »

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Melanie De Vrieze is freelance journalist and reporter for NextConomy. Voir tous les articles de Melanie De Vrieze