Freelances, entrez dans la puissance du collectif
Solitude, isolement, to-do à rallonge, autonomie en berne…, on le sait, la vie de freelance est aussi faite d’épines. Et si ça pique le moral, peut-être serait-il temps d’entrer dans la puissance du collectif. Delphine Abdelmoula, creative brand strategist et copywriter freelance, nous en parle. Pour découverte et disons-le, grand “ouf” de soulagement.
Un jour le Dalaï lama a dit “Si vous avez l’impression que vous êtes trop petit pour changer quelque chose, essayez donc de dormir avec un moustique. Vous verrez lequel des deux empêche l’autre de dormir.” À vous, freelance, qui vous demandez encore ce que vos petits combats pourraient bien apporter à la planète “freelancing”, soyez le moustique, ce petit battement d’ailes, ce ZZzzz aux oreilles des dysfonctionnements. C’est aussi ce que vous conseillerait Delphine Abdelmoula , freelance aguerrie, plus qu’emballée par l’énergie du collectif. Ce vrombissement aigu qui pourrait bien révolutionner l’avenir du travail indépendant.
Le collectif est un projet ambitieux basé sur l’intelligence d’une communauté et l’implication active de ses membres.
Belgique, tu dors
Parce qu’“en Belgique, on est vraiment à la ramasse par rapport aux pays limitrophes. Il y a bien des collectifs de graphistes et de designers freelances qui ont vu le jour, mais qui n’ont, actuellement, pas l’ambition de construire une structure à plus grande échelle, avec mise en place d’une forme de gouvernance. Dans d’autres domaines, il y a aussi eu des tentatives, des brouillons de collectifs qui se sont malheureusement vite soldés par un échec. Le collectif est un projet ambitieux basé sur l’intelligence d’une communauté et l’implication active de ses membres. Sans ces éléments, les murs s’effondrent, la structure est trop fragile.”
Étendre La Collab à la Belgique
Déjà un an et demi que Delphine Abdelmoula a rejoint La Collab , un collectif français de freelances, spécialisés dans les métiers de la communication, du marketing et du digital, établi depuis 2015. Solide et rayonnant. Un an et demi qu’elle est poussée au dos par la même ambition : étendre La Collab à la Belgique, “créer une ville” comme ils disent là-bas, ouvrir Bruxelles aux ébullitions solidaires de la communauté.
“En entrant dans La Collab, j’ai pris la meilleure décision de ma carrière de freelance.” Le sourire est là, radieux. Elle fait maintenant partie de quelque chose, d’un tout si singulier. “Je suis dans La Collab comme en famille, avec des gens que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam hier et qui sont aujourd’hui comme des complices de toujours, venus relier leur énergie à la mienne. Et puis, il y a eu l’arrivée de grands projets pro dans mon agenda, de vrais booster de créativité.” Le collectif a fait sauter le verrou de l’isolement et de la répétition des tâches. Delphine Abdelmoula le sent et veut distiller cette liberté-là en Belgique, cet élan qui nous manque cruellement.
Ce sont des talents qui se mettent ensemble pour pouvoir monter en puissance et avoir accès à des projets auxquels ils ne pourraient normalement pas accéder seuls.
Alors, plateforme ou bureau de placement ?
Ni l’un ni l’autre, et les deux à la fois. En fait, tant les codes de la plateforme que de l’agence de placement sont repris par le collectif, à la différence qu’ils interagissent dans un écosystème beaucoup plus vaste, régi par des valeurs propres (rarement brandies comme étendards au sein des business model actuels).
En expliquant La Collab, Delphine Abdelmoula revient sur les spécificités du collectif en lui-même. “De base, c’est une entreprise sociale et solidaire, dont l’ambition première n’a rien d’économique. La Collab souhaite créer une communauté de freelances passionnés par le métier. Professionnels et compétents. D’ailleurs, ce ne sont pas moins de 160 membres actifs qui, aujourd’hui, participent à son rayonnement. Ce sont des talents qui se mettent ensemble pour pouvoir monter en puissance et avoir accès à des projets auxquels ils ne pourraient normalement pas accéder seuls. C’est monter des équipes ensemble pour créer un service sur mesure, pouvoir répondre à tous les besoins de nos clients ou à des appels d’offres, dans un esprit solidaire.”
On ne transige pas avec les valeurs
“Respect, transparence, bienveillance…, on a une charte de valeur que les freelances ET les clients signent au démarrage de leur projet. On ne plaisante pas du tout avec ça. Parvenir à préserver ces valeurs avec autant de gens, c’est un challenge. L’idée se traduit par des projets communs, un mode de travail basé sur l’égalité et la coopération, la cocréation et la montée en compétences commune. Il y a, d’un côté, des freelances bien établis et de l’autre, des freelances qui sont plus juniors. Nous, en tant que meneurs de projet, on va les mettre en priorité sur les missions. On va essayer de les recommander à des clients, qui peuvent compter sur les juniors en toute sérénité parce qu’il y a les seniors autour.”
Attentiste s’abstenir
Le concept de collectif est un concept mu par la réciprocité. Entrer dans la communauté en attendant que les missions tombent du ciel ? Il y a erreur dans l’énoncé. “À la base, ce sont les freelances qui amènent les clients. Il n’est pas question de venir dans une démarche attentiste, ce qui, en passant, a certainement causé la perte de bon nombre de collectifs.
Avec La Collab, qui existe depuis 2015, on a la chance de profiter d’une bonne réputation en France. Par conséquent, il y a aujourd’hui pas mal de projets qui viennent, aussi, directement des clients. Ce sont alors les city leaders puis les meneurs de projets qui, sur base volontaire, prennent le projet à leur charge, qualifient la demande, établissent le budget et discutent des besoins du prospect. Par la suite, ils partent à la recherche de profils qui correspondent le plus à la demande.”
Et si vous vous posez la question du financement, La Collab vit du markup, un pourcentage ajouté au tarif du freelance qui est dispatché vers le meneur de projets, le pot commun local, La Collab Society et le collectif général.
Une vraie force de proposition
Le collectif n’est pas qu’une communauté… Il y a une volonté forte d’apprentissage et de formation continue par et pour les freelances, toutes les questions business y sont aussi abordées. Et, le collectif n’est SURTOUT pas une plateforme biberonnée à l’anonymat…
Faire reposer un projet sur un seul être humain, dans toute sa fragilité ? Pas question, on avance ensemble. “Il y a un essoufflement, l’heure de gloire des agences est un peu révolue. On va vers plus d’agilité et de sens dans ce qu’on fait. Le collectif est le modèle qui permet et rassemble tous ces éléments : d’une part la sécurité d’une structure qui est juridiquement et économiquement fiable, d’une autre part, la certitude de rencontrer des gens qui ont l’esprit entrepreneurial, dont l’approche permet de comprendre les tenants et aboutissants d’un projet, les besoins et les contraintes du client. Ces gens vont devenir de vraies forces de proposition.” Pour Delphine Abdelmoula, zéro doute, le collectif c’est l’avenir.